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un qui damnerait l’homme pour avoir été plutôt d’une religion que d’une autre, parce qu’encore une fois, toutes les religions sont égales aux yeux de Dieu ; il n’y a que le crime et la vertu qu’il lui soit impossible de voir du même œil. — Mais enfin il faut bien faire son métier ? — Ou il faut tacher de n’en prendre qu’un honnête, ou il faut s’attacher à rendre honnête celui qui ne l’est pas. — Il est désagréable d’être chargé d’une besogne fâcheuse, mais il faut s’en tirer quand on l’a. — Ce qu’il faut, c’est être honnête, te dis-je, ce qu’il faut, c’est de laisser vivre chacun en paix, et surtout de n’arrêter personne pour lui ravir ou la liberté ou la vie, parce que de tous les métiers possibles, après le métier du bourreau, celui-là est le plus infâme et le plus digne de l’exécration publique. Patron, je fais comme toi un vilain métier, mais si je l’exerçais aussi malhonnêtement, je t’aurais enterré au lieu de te secourir, puisque tu es par état un des plus grands ennemis que nous ayons. Si donc tu eusses