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pérament et son cœur, ne la fixât pour jamais avec ces bandits. Si cela arrivait, me tiendrait elle les promesses qu’elle m’avait faites… Quitterait-elle la troupe avec moi quand nous serions à Madrid, et me procurerait-elle dans cette ville les secours qu’elle m’y avait assurés ?

Elle se douta dès le second jour du chagrin que tout cela me donnait ; elle me pria d’être tranquille, et me jura qu’un instant d’oubli où la tête seule avait part, n’altérait jamais les sentimens de son cœur. Je me rassurai, mais la société où je me trouvais ne m’en parut que plus affreuse ; je ne tenais pas à l’idée de m’y voir entièrement isolée, et mes larmes coulaient souvent en silence.

Clémentine, assez mon amie pour ne pouvoir tenir au tourment qu’elle me donnait, se sépara insensiblement de Cortilia et revint à moi plus tendre et plus fidèle que jamais. Je vous ai raconté de suite le commencement et la fin de cette incartade,