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les répandirent dans les provinces dans lesquelles ils se fixaient, ou ils les portèrent dans leurs voyages. Tel est le peuple auquel nous devons l’existence ; et c’est sa religion épurée que vous nous voyez suivre. Nous croyons qu’il y a un être dans la nature qui dirige tout ; mais cet être quelconque que nous admettons pour souverain moteur, comme nous lui voyons faire plus de mal que de bien, nous ne pouvons le regarder que comme un être cruel et méchant ; or, vous avez donné le nom de diable à l’être que vous considérez ainsi ; nous en faisons autant pour nous accommoder à vos principes. Dans le fond, cet être moteur admis par nous, est le même que le vôtre. — Considéré sous d’autres rapports ; vous le croyez bon, nous le croyons méchant ; vous avez la faiblesse de croire que tout est l’ouvrage d’un dieu intelligent, plein de grandeur et de vertus, plus sage que vous sur cet article, mais contraint comme vous à reconnaître un être actif pour créateur de ce qui existe.