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Jusqu’au grand jour nous marchâmes en troupe, ce fut alors que le chef s’approchant de Léonore et de moi : nous allons suivre le cours du Tage jusqu’aux portes de Madrid, nous dit-il, la route est un peu plus longue, mais elle est moins fréquentée ; on trouve chaque soir, ou de petits bois toufus sur la rive, ou des îles au milieu du fleuve, qui nous fournissent des retraites sûres ; nous nous séparerons dès que le soleil va paraître, mais mon fils sera toujours à vingt pas devant nous ; vous n’aurez qu’à le suivre, l’appeler quand vous voudrez vous reposer, lui faire signe quand vous voudrez vous remettre en marche ; il vous menera tout droit où nous devons coucher ce soir : c’est une caverne, au fond d’un bois, presque baignée par la rivière, et qui n’est connue que des bêtes fauves et de nous. Mes camarades et moi quitterons la route à une lieue d’ici et nous arriverons au même gîte par des chemins plus détournés : tel est l’endroit où nous vous recevrons ; il disparaît après ces mots.