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l’assemblée de ces dames offrait de plus joli ; elle avait été enlevée à quatre ans chez un curé, auprès de Coïmbre, qui ne l’élevait peut-être pas pour un plus saint métier que celui qu’elle faisait, et elle étoit dressée depuis cet âge aux exercices journaliers de la bande, qu’elle remplissait avec autant de légèreté que d’intelligence ; il ne lui fallait pas deux secondes pour enlever un bijou de la poche du plus méfiant des hommes : passait-elle dans un village il n’y avait pas de chien barbet qui pût saisir une poule avec autant de vîtesse ; la prendre, l’étouffer et l’accrocher, sous ses cotillons, était pour elle l’affaire d’un clin d’œil, et elle jabottait toujours si bien en agissant que le plaisir qu’on avait à l’entendre empêchait qu’on ne vît ses actions : elle était à-la-fois l’élève et la favorite de Cortillia. Le reste des hommes et des femmes, que je ne vous peins point, était de vingt à trente ans, et tous possédaient à-peu-près également de la taille, de la fraîcheur, de l’adresse et de la santé.