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Dona Cortillia nous conduisit dans le coin de la cabane qui lui était destiné, arrangea elle-même des feuilles pour nous faire reposer plus mollement, plaça des hardes sous nos têtes, pour nous préserver de l’humidité, et nous dit en nous embrassant, je voudrais avoir le palais du roi d’Espagne, je vous l’offrirais de bien meilleur cœur.

Nous nous endormîmes profondément, il y avait long-temps que nous n’avions passé une nuit plus calme, nous avions toujours tremblé, tant que le sort nous avait placé parmi ce qu’on appelle les honnêtes gens ; nous étions en paix avec des Bohémiens.

Dès qu’il fut jour, notre charmante hôtesse et ses compagnes ayant allumé du feu, elles firent chauffer du vin et des bouillons, nous en présentèrent, en nous demandant si nous avions bien pu reposer tranquillement parmi eux, nous répondîmes à leurs caresses, nous les remerciâmes de leur honnêteté, et le chef qui revenait de patrouilles, s’étant fait donner en rentrant une rotie au sucre,