Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une seconde fois à table pour nous engager à gouter de leurs mêts.

On servit un chapon rôti, deux gros pâtés, un jambon et deux débris de poules réchauffées dans du riz, on nous entoura de bouteilles d’excellens vins de Madère, on nous exhorta à chasser toute mélancolie, et les hommes se jurèrent entre eux devant nous, qu’ils périraient plutôt que de nous abandonner… Nos larmes continuaient de couler, l’attendrissement dans lequel nous étions, nous ôtait presque la faculté de profiter des politesses de ces bonnes gens et nous ne cessions de nous écrier l’une et l’autre, opinion,… fatale opinion, combien tu nous trompes de fois dans la vie, et combien le monde est injuste !

Quand nous eûmes un peu réparé nos forces, ces douces et charmantes filles nous demandèrent avec instance de vouloir bien leur faire l’amitié de raconter nos histoires, et nous les satisfîmes à l’instant, pendant qu’ils formèrent tous un cercle autour