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peut encore nous consoler. — Que la foudre m’écrase à l’instant où je serai consolée par de telles fables, cesse de me parler d’un être indifférent au sort de ses créatures, qui ne les forme que pour les rendre malheureuses, qui ne les conserve que pour les abreuver de pleurs… qui ne leur prolonge la vie que pour mieux exercer sa rage, en les accablant d’infortunes, et qui ne les attend au bout de tout cela qu’avec des flammes et des bourreaux. Mort de ma vie, mon plus grand bonheur est d’être sûre qu’un tel tyran n’exista jamais ; je deviendrais frénétique ou furieuse s’il me fallait y croire un instant. On t’a mal peint cet être que tu injuries, Clémentine, défiguré par les cultes humains, il a pu te paraître odieux ; dégage-le de ces absurdités et tu l’aimeras bientôt. Ne vois dans cette essence divine, qu’un père tendre et compatissant, qui, s’il nous éprouve un moment par les malheurs, place avec art au fond de nos ames, pour que nous n’en soyons pas découragés, ce rayon si doux d’espé-