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dition. Cette somme s’augmenta à Benguele, d’une gratification de deux cents pistoles d’Espagne[1], à partager entre ma compagne et moi, pour les services que nous avions rendus au roi de Portugal ; avant de nous embarquer, nous avions été obligées de dépenser près des deux tiers de cette faible somme, pour nous habiller ; moyennant quoi, pour mon compte, il me restait comme vous voyez, fort peu de chose. Le total de nos effets consistait en trois malles, dont deux très-grosses, à Clémentine, une très-mesquine à moi ; par une mal-adresse singulière, ma compagne m’avait conseillé de ne point porter d’argent dans mes poches pendant la traversée, et de cacher comme elle, ce que j’avais, dans un coin de ma malle… Plut à dieu que je ne l’eusse pas écouté… Enfin, la navigation fut heureuse, et nous arrivâmes à Lisbonne, sept semaines après notre départ de Benguele.

  1. La pistole courante est de 21 livres.