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sent les sentimens les plus épurés de l’ame, et crussent même pouvoir s’allier avec eux ? N’en doute point, me répondit Clémentine ; ne voyons-nous pas sans cesse l’amour le plus délicat, ressenti pour les plus vils objets de la débauche publique ; et d’autre part, les excès les plus crapuleux, exigés de la maîtresse qu’on chérit le plus. — Quand on en est-là, c’est dépravation, ce n’est plus sentiment. — Tu te trompes, Léonore, les passions de l’homme sont inconcevables ; rien n’est étendu comme leurs branches ; les excès dont il s’agit,… ou ceux-là, ou d’autres semblables, peuvent exister chez l’homme qui n’est que libertin, comme chez celui qui est le plus délicat ; les suites de ces irrégularités dans l’homme débauché, ne sont que du libertinage. Je l’avoue, mais ce sont des rafinemens délicieux dans l’homme, embrasé d’une flamme honnête. Tout dans ce cas tourne au profit du sentiment ; lui seul a tout dicté, lui seul inspire tout, et les excès