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tion de l’idée du dieu que j’adore… Tu l’es peut-être ce dieu, et tu te déguises sous la forme d’une femme blanche. — Non, je ne suis point un dieu, je ne suis qu’un des plus médiocres ouvrages de la nature ; mais si tu m’écoutes, si tu mérites d’être aimé de moi, je te rendrai plus fortuné qu’un dieu. — Tu as donc une manière de faire goûter le plaisir, qui n’est pas connue dans ces climats ? — Oui, mais il faut du temps pour que tu la conçoives, il faut que tu cèdes, à mes genoux, les droits imaginaires de la force, pour faire triompher ceux de ma faiblesse ; c’est moi qui te commanderai,… tu m’obéiras,… tu démêleras mes desirs, tu les satisferas ;… tu seras mon esclave, je t’enchaînerai, et le bonheur où tu aspires, sera le prix de ta soumission. — Ta voix a beaucoup de puissance sur mon âme ; tes yeux la brûlent à mesure que tes paroles y pénètrent ; il faudrait mettre un voile quand on te regarde, comme quand on va braver les feux de l’astre, et tes discours sont comme le miel qui coule