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as joui d’elle, mais elle te déteste ; comporte-toi différemment avec moi ; retarde des plaisirs brutaux, pour apprendre à en connaître de délicats ; ils dureront autant que ta vie, ils en feront le charme, au lieu que ceux que tu viens de goûter, sont déjà oubliés de toi, et méprisés par elle. — Et quels sont ces plaisirs que tu me promets, à la place de ceux que tu me refuses ? — Ceux de l’ame, les plus doux de l’homme, les seuls réellement faits pour son bonheur. — Expliques-toi, je ne t’entends point ? — Je t’aimerai. — Tu m’aimeras. — Je ferai plus, je t’estimerai. — Et que me reviendra-t-il de tout cela ? quelle volupté en recevrai-je ? — Une bien plus pure que celle que tu connais, une qui placera ton ame dans une situation de douceur mille fois plus sensible que tout ce qui a pu l’affecter jusqu’à présent. — Tu es belle, dit l’empereur, en me fixant ; il me semble que je sens déjà quelque chose de ce que tu dis ; je me plais à te regarder ; j’y goûte presque le même plaisir que quand je remplis mon imagina-