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ils contre la nature ? son étude la plus réfléchie nous apprend chaque jour que le sacrifice de la faiblesse à la force est partout la première de ses loix, les rameaux touffus du chêne, en privant la plante qui végète à ses pieds, des rayons de l’astre qu’ils absorbent, la font languir et dessécher. Le loup dévore l’agneau, le riche énerve le pauvre, et partout la force écrase ce qui l’entoure sans que la nature réclame jamais en faveur de l’opprimé…, sans qu’elle le venge, sans qu’elle le soulage, sans même qu’elle imprime au cœur de l’homme de protéger ou de secourir ce que le despotisme ou la force anéantissent à ses yeux. — Ainsi donc la tyrannie n’outragerait en rien la nature ? — Elle la sert, elle en est l’image, elle est empreinte dans le cœur de l’homme civilisé comme dans celui de l’homme naturel ; elle guide les animaux, elle détermine les plantes, elle conduit les fleuves, elle maîtrise les astres ; il n’est pas une seule opération de la nature dont la tyrannie