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ceux de ta religion ? C’est aux autels du dieu que tu sers que j’ai promis fidélité à l’époux que tu veux m’exposer à trahir. — Je prends le crime sur ma conscience, répondit le portugais en souriant avec dédain, ce n’est qu’aux yeux du peuple que le ciel fait les rois… Au tribunal de leur propre conscience, il n’y a de Dieu que ce qui leur sert, d’intérêt sacré que le leur, de loi divine, que leur orgueil ou leur ambition. — Ah ! dis-je avec chaleur, que réclameront les sujets, quand les rois mépriseront l’équité, quand ils n’auront plus de dieux que leurs passions ! — Ce n’est pas le sort du sujet qui intéresse le monarque, dit le portugais, c’est celui de sa grandeur et de son état, et quand la perte de l’un sert à l’autre, qui doute qu’il ne le sacrifie. — Vous définissez les tyrans, répondis-je, — tous les rois le sont plus ou moins, et la différence de leurs crimes n’est que celle de leurs intérêts ; mais ces attentats même que vous craignez parce qu’ils vous blessent, en quoi sont-