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Comme vous allez me voir vivre quelque tems avec cette nouvelle amie, vous me permettrez de vous la peindre avec un peu de détails. Clémentine était de Madrid, née dans la classe des courtisanes, elle n’en avait pourtant jamais exercé le métier. Sa mère, autrefois très-célèbre par ses amans, ses friponneries et ses charmes, il était difficile que sa jeune élève pût avoir une morale bien pure ; et quoique celle-ci n’eût jamais eu dans sa vie que deux amans, le Duc de Medina-Celi, qui l’avait acheté de sa mère, et l’avait entretenu secrettement dans son palais, depuis l’âge de douze ans, jusqu’à celui de dix-sept ; l’autre, Dom-Lope de Riveiras, qui l’avait emmené en Afrique, à la sollicitation du Duc, dont il était protégé, quoique la belle Clémentine, dis-je, n’eût jamais connu que ces deux hommes, elle avait une sorte de libertinage dans l’esprit qui rendait sa société dangereuse pour une femme de mon âge ; et comme elle joi-