Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous amenèrent en peu de tems au fort de Séna, premier comptoir de cette nation sur les frontières du Monomotapa. Mon ami y conclud quelques affaires dont il était chargé par le consul d’Alexandrie, et nous en partîmes promptement, pour nous rendre au fort de Tété où était notre destination, en attendant la possibilité de regagner l’Europe.

Cet établissement était composé d’un chef, homme d’environ quarante-cinq ans, de quatre commis, et d’une garnison de soixante Portugais ou mulâtres, commandés par trois officiers. Dom Lopes de Riveiras, c’était le nom de ce chef, avait avec lui, pour maîtresse, une très-jolie Espagnole de vingt-trois ou vingt-quatre ans, que l’on nommait Clémentine, fille d’esprit, parlant deux ou trois langues, instruite, ayant beaucoup lue, bonne musicienne, d’une vivacité prodigieuse, d’un caractère agréable et enjoué, mais sans religion, sans principes, quoique ses mœurs ne fussent pas encore entièrement corrompues.