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ni me présenter jamais aux européens qu’il rencontrait, que comme il venait de le faire ; cette générosité, dis-je, joint à tout ce qu’il avait déjà fait pour moi, me toucha jusqu’aux larmes ; plut au ciel que j’eusse toujours trouvé dans sa nation des gens aussi honnêtes que lui, je n’aurais pas été exposée à tous les malheurs qui me restent encore à vous peindre.

Nous séjournâmes peu dans le premier comptoir portugais ; les affaires de dom Gaspard, et plus que tout l’empressement qu’il avait de s’acquitter envers moi en me remettant, le plus vîte possible, en Europe, ne lui permirent pas de s’arrêter à Monbaca ; quoique toute cette côte soit garnie d’établissemens portugais, et qu’il nous fut devenu facile de toucher la destination de dom Gaspard, en descendant de l’un à l’autre ; il trouva plus simple de profiter d’un vaisseau hollandais qui faisait route vers le Cap, et qui serrant la côte, nous relâcha aux bouches du Guama où de petites barques portugaises qu’on y trouve toujours,