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nez bien pris, les lèvres minces, et les dents très-blanches, au lieu que ceux que nous quittions sont fort noirs et n’ont absolument d’autres traits que ceux des nègres que vous connaissez.

Les Éthiopiens suivent la religion Copte, sorte de culte mélangé du Catholicisme et du Grec. Ils sont très-dévots, grands adorateurs de saints profondément pénétrés de la possibilité des miracles, et sur-tout de celui de la transubstantiation, quoiqu’ils ayent aussi parmi eux des gens assez raisonnables pour rejeter un dogme, où la foi, le plus trompeur des guides est si nécessaire pour soumettre la raison révoltée.

Eh ! comment pouvoir admettre, disait un de ces philosophes à Gaspard, assez heureux pour s’entretenir devant moi quelques instans avec lui en langue latine, comment supposer un dogme aussi impossible que celui de la transubstantiation ? N’est-ce donc pas s’aveugler à plaisir que de préférer au sens réel des paroles de Jésus-Christ, un inexplicable mystère qui