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à ces plaines un aspect flateur, parseme l’air, d’atomes les plus odorifférans ; agréablement coupées, par de vastes rivières bordées de lis, de jonquilles, de tulipes et de violettes ; on se croit dans le paradis terrestre, on ne s’étonne plus en voyant ce climat que quelques imaginations ardentes ayent placé ce lieu de délices dont notre premier père eut la mal-adresse de se faire chasser pour une pomme, fruit qu’on n’y aperçoit pourtant nulle part. Les forêts plus délicieuses encore que les plaines, sont remplies d’orangers, de citroniers, de grenadiers et de plusieurs autres arbres toujours couverts de fleurs, parmi lesquels on en voit qui portent des roses, d’une odeur bien plus forte et bien plus délicate que les notres.

Les peuples de cette contrée qu’on a long-tems confondues avec ceux de la Nubie leurs voisins, en diffèrent pourtant beaucoup par la figure ; ceux-ci sont d’un brun tirant un peu sur l’olive, leur taille est haute et majestueuse, leurs traits agréables, ils ont presque tous les yeux beaux ; le