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multitude de lions que l’on entend mugir autour de soi distrait un peu du plaisir que l’on trouve à traverser ce beau pays. On est obligé d’allumer de grands feux pour écarter ces animaux dont la société sans ces précautions pourrait bien n’être pas très-douce. Quelques jours ensuite, nous passâmes plusieurs rivières fort dangéreuses, et peu après nous traversâmes une plaine ombragée de grenadiers, dont nous dévorâmes les fruits.

Là, nos bagages, sous la garde des différents seigneurs de terre où nous passions, étaient portés par leurs vassaux, de territoires en territoires, ce qui dura tout le tems que nous fûmes en éthiopie.

Quoique nous ne pénétrâmes pas jusque dans la capitale de cet empire, j’en vis assez, pour pouvoir vous parler en peu de mots d’un pays qu’on fréquente trop peu et qui par-tout, offre à l’œil du philosophe et du naturaliste, une foule d’objets intéressants. Il n’est sans doute aucune province en Europe plus artistement cultivée, le Cardamomum et le Gingembre en donnant