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montagnes qui nous restaient à traverser ; entièrement remplies d’herbes qui les empoisonnent dès qu’ils en mangent.

Nous traversâmes en sortant de Giésim, des forêts superbes de tamarins toujours verts, portant une espèce de prune dont le goût n’est point désagréable ; ces forêts où jamais le soleil ne pénètre à cause de leur épaisseur, sont d’un frais souvent funeste aux passagers ; mais la bonté de mon tempérament, et la vigueur de mon âge, me garantirent de tous ces maux, et sans les cruelles inquiétudes de mon esprit, cette route toute dangereuse qu’elle est, ne m’eut offert que de l’agrément ; nous arrivâmes de-là à Serké, petite ville au milieu des montagnes, située dans un joli valon, rafraîchie d’un petit ruisseau qui sépare l’Éthiopie du royaume de Sennar ; partout dans cette nouvelle contrée, nous trouvâmes la plus belle et la plus brillante agriculture : le cotton, les cannes de bambous, les ébeniers et une multitude de plantes aromatiques, varient agréablement les richesses du sol ; mais la