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esclaves, et moi reléguée dans une petite chambre attenant au harem.

Une émeute affreuse survint heureusement pour moi le même soir, elle était occasionnée par nos compagnons de voyage ; furieux de ce qui venait de nous arriver, ils nous vengeaient, et le tumulte devenait si pressant dans la ville, que le roi avait été obligé de marcher en personne à la tête de ses troupes, pour en arrêter le désordre ; il rentra fort tard, et se trouvant harassé ; il se retira seul dans son appartement, en me faisant dire que je ne jouirais que le lendemain des graces qu’il lui plaisait de m’accorder.

Cette nouvelle me calma, c’est un trésor que le tems pour un malheureux, celui qu’on lui donne quelque court qu’il soit, lui paraît toujours suffisant à se dégager des fers qui lui sont préparés, et son ame s’épanouit en proportion des heureux délais qu’il obtient.

La nuit était déjà très-avancée ; anéantie sur mon balcon, je me livrais à mille pro-