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cieuse quand on vient de traverser des pays si incultes, nous engagea à quelque séjour dans cette contrée. Ce fut en la quittant que nous voyageâmes dans des forêts charmantes d’acacias ; leur fraicheur, la quantité de petits perroquets verts, de gelinottes et d’autres oiseaux qui peuplent ces bois, ne contribuent pas peu à rendre délicieuse la route qui les traverse ; au sortir de là, nous marchâmes dans des plaines très-fertiles, d’où nous découvrîmes la ville de Sennar.

Cette capitale où vous trouverez bon que je vous arrête un instant, à cause de la fatale aventure qui nous y arriva, contient environ trois cent mille ames ; mais elle est aussi sale que peu policée ; le palais du roi construit de briques cuites au soleil, est un amas confus de bâtiment qui n’a de remarquable que le désordre et le mauvais goût. Les appartemens garnis de tapis, sont meublés à la manière du Levant ; quelques jardins les environnent ; tout est désagréable dans ce climat brûlant, les chaleurs qui