Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

piété de cette femme honnête et sensible, ne s’allarma pas de ce qui venait d’être dit…, Léonore fut calme aux reproches de sa mère. Ô ! madame, lui dit-elle, vous avez exigé de moi de la sincérité, je la blessais en vous cachant mes principes, je dois-donc en rester là s’ils vous scandalisent, car je serai contrainte en avançant, de vous dévoiler des choses plus fortes, et que vous condamnerez d’autant plus, qu’à la rigueur j’aurais pu ne pas m’y prêter. Ce n’est ni à monsieur de Sainville, madame, ni à dom Gaspard, ni aux autres personnes avec lesquelles vous allez me voir, qu’il faut s’en prendre du peu de conformité de mes systêmes aux vôtres ; mon mari vous dira que dès l’âge de 13 ans, il reconnut en moi cette ferme aversion pour toutes idées religieuses ; et j’avais déjà lu à cet âge presque tout ce qui a été écrit contre les opinions que vous adoptez ; une amie de la comtesse de Kerneuil me prêta ces livres ; je les dévorai ; elle en raisonnait avec moi,