Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rendre ? J’aime mieux employer à quelques vertus le temps que d’autres perdent en prières, et cet agent, s’il est juste, me saura bien plus de gré d’être utile aux hommes, qu’assidu aux pieds de ses autels ; quand je verrai moins de mal sur la terre, quand j’y rencontrerai moins de frippons et plus d’honnêtes gens, peut-être supposerai-je alors, que l’auteur de cet univers, peut mériter quelque reconnaissance ; mais quand les maux m’assailliront de toute parts, quand je ne trouverai que travers, cruauté, trahison, perfidie, noirceur, et méchanceté chez les hommes, je croirai me restreindre dans des bornes très-sages, en n’accablant point d’invectives, celui qui permet tant de maux, je ne le fais point, mais je ris de la folie des systêmes religieux, je me moque de la diversité des cultes, et n’écoutant que ma raison et mon cœur, je reste dans l’indifférence sur un être à qui je ne dois rien… ou que des reproches… que je tais par l’inutilité dont je les crois. — Mais votre morale ? —