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de ce royaume, continua mon instituteur, il arrive chaque mois des tributs de femmes au monarque ; tu seras l’inspecteur de cette espèce d’impôt ; tu les examineras, mais simplement leur corps ; on ne te les montrera jamais que voilées ; tu recevras les mieux faites, tu réformeras les autres. Le tribut monte ordinairement à cinq mille ; tu en maintiendras toujours sur ce nombre, un complet de deux mille : voilà tes fonctions. Si tu aimes les femmes, tu souffriras sans-doute, et de ne les pas voir, et d’être obligé de les céder, sans en jouir. Au reste, réfléchis à ta réponse ; tu sais ce que t’a dit l’empereur : ou cela, ou la mort ; il ne ferait peut-être pas la même grâce à d’autres. Mais, d’ vient, demandai-je au Portugais, choisit-il un Européen, pour la partie que tu viens de m’expliquer ; un homme de sa nation s’entendrait moins mal, ce me semble, au genre de beauté qui lui convient ? Point du tout ; il prétend que nous nous y connaissons mieux que ses sujets ; quelques