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Le palais du roi de Butua reprit Sainville, est gardé par des femmes noires, jaunes, mulâtres et blafardes[1], excepté les dernières, toujours petites et rabougries. Celles que je pus voir, me parurent grandes,

  1. C’est un des objets de luxe des monarques nègres, d’avoir de ces sortes de femmes dans leur palais, quelques affreuses qu’elles soient ; ils en jouissent par rafinement. Tous les hommes ne sont donc pas également aiguillonnés à l’acte de la jouissance, par des motifs semblables, il est donc possible que ce qui est singulièrement, beau comme ce qui est excessivement laid, puisse indifféremment exciter, en raison, seulement de la différence des organes. Il n’y a aucune règle certaine sur cet objet, et la beauté n’a rien de réel, rien qui ne puisse être contesté ; elle peut être observée sous tel rapport, dans un climat, et sous tel autre, dans un climat différent. Or, dès que tous les habitans de la terre ne s’accordent pas unanimement sur la beauté ; il est donc possible que dans une même nation, les uns pensent qu’une chose affreuse est fort belle, pendant que d’autres penseront qu’une chose fort belle, est affreuse. Tout est affaire de goût et d’organisation ; et il n’y a que les sots qui, sur cela, comme sur tout ce qui y tient, puissent imaginer le pédantisme de la règle.