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cieux, pendant que la tête orgueilleuse de l’oppresseur s’abaisse et se couvre de fange[1].

Je marchai près de six heures avec ces barbares, dans l’affreuse position que je viens de vous dire, au bout desquelles, j’aperçus une espece de bourgade construite avec régularité, et dont la principale maison me parut vaste, et assez belle, quoique de branches d’arbres et de joncs, liés à des pieux. Cette maison était celle du prince, la ville était sa capitale, et j’étais en un mot, dans le royaume de Butua, habité par des peuples antropophages, dont les mœurs et les cruautés surpassent en dépravation tout ce qui a été écrit et dit, jusqu’à présent, sur le compte des peuples les plus féroces. Comme aucun Européen n’était parvenu dans cette

  1. Sublimes réflexions du magnifique exorde de l’immortel ouvrage de M. Rainal, ouvrage qui a fait à la fois la gloire de l’écrivain qui le composa, et la honte de la nation qui osa le flétrir. Ô Rainal, ton siècle et ta patrie ne te méritaient pas !