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de la résolution que j’avais prise ; il me semblait que j’aurais beaucoup mieux fait de suivre la côte, quelqu’impraticable que m’en eût paru la route, que de m’enfoncer ainsi dans les terres, où il paraissait certain que je devais être dévoré ; mais j’étais déjà trop engagé ; il devenait presque aussi dangereux pour moi, de retourner sur mes pas, que de poursuivre ; j’avançai donc. Le lendemain, je traversai le champ du combat de la veille, et je crus voir qu’il y avait eu sur le lieu même, un festin semblable à celui dont j’avais été spectateur. Cette idée me fit frissonner de nouveau, et je hâtai mes pas… Ô ciel ! ce n’était que pour les voir arrêter bientôt.

Je devais être à environ vingt-cinq lieues de mon débarquement, lorsque trois sauvages tombèrent brusquement sur moi au débouché d’un taillis qui les avait dérobés à mes yeux ; ils me parlèrent une langue que j’étais bien loin de savoir ; mais leurs mouvemens et leurs actions se faisaient assez cruellement entendre, pour qu’il ne pût