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des raisons qui lui font emporter celle que j’adore au fond de l’univers. Je priai en même-tems cet homme honnête de me fournir quelques lettres de crédit et de recommandation pour le Cap. Il le fit, m’indiqua les moyens de trouver un léger bâtiment à bon prix au port de Salé, et nous nous séparâmes.

Je retournai donc à ce port célèbre de l’Empire de Maroc[1], où je m’arrangeai assez promptement d’une barque hollandaise de 50 tonneaux : pour avoir l’air de faire quelque chose, j’achetai une petite cargaison d’huile, dont on me dit que j’aurais facilement le débit au Cap. J’avais avec moi vingt-cinq matelots, un assez bon pilote, et mon valet de chambre, tel était mon équipage.

Notre bâtiment n’étant pas assez bon

  1. Salé était encore au milieu de ce siècle une république indépendante, dont les citoyens étaient aussi habiles corsaires que bon commerçans ; elle fut soumise par le monarque actuel sous le règne de son père.