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me dit-il, n’est sûrement pas venue dans ce pays ; j’ai le signalement de toutes celles qui y ont débarqué depuis l’époque que vous m’avez cité, rien dans tout ce que j’ai ne ressemble à ce qui vous intéresse. Mais le lendemain de votre arrivée, un petit bâtiment anglais, battu de la tempête, a relâché dix heures à Safie ; il a mis ensuite à la voile pour le Cap ; il avait dans son bâtiment une jeune Française de l’âge que vous m’avez dépeint, brune, de beaux cheveux, et de superbes yeux noirs ; elle paraissait être extrêmement affligée : on n’a pu me dire, ni avec qui elle était, ni quel paraissait être l’objet de son voyage ; ce peu de circonstances est tout ce que j’ai su, je me hâte de vous en faire part, ne doutant point que cette Française, si conforme au portrait que vous m’avez fait voir, ne soit celle que vous cherchez. — Ah ! monsieur, m’écriai-je, vous me donnez à-la-fois et la vie et la mort ; je ne respirerai plus que je n’aie atteint ce maudit bâtiment ; je n’aurai pas un moment de repos que je ne sois instruit