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sans en être ému, me signifia qu’en ce cas il fallait prendre congé l’un de l’autre. — Que devenir ! Était-ce en Barbarie où je devais espérer de trouver justice contre un marinier Vénitien ? Tous ces gens-là, d’ailleurs, se tiennent d’un bout de l’Europe à l’autre : il fallut se soumettre, payer le patron, et s’en séparer.

Bien résolu de ne pas rendre ma course inutile dans ce royaume, et d’y poursuivre au moins les recherches que j’avais projettées, je louai des mulets à Salé, et m’étant rendu à Mekinés, lieu de résidence de la Cour, je descendis chez le Consul de France : je lui exposai ma demande. — Je vous plains, me répondit cet homme, dès qu’il m’eût entendu, et vous plains d’autant plus, que votre femme, fût-elle au sérail, il serait impossible au roi de France même, de la découvrir ; cependant, il n’est pas vraisemblable que ce malheur ait eu lieu : il est extrêmement rare que les corsaires de Maroc aillent aujourd’hui dans l’Adriatique ; il y a peut-être plus de trente ans qu’ils n’y