Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment… Ce personnage est-il fou, me dis-je à moi-même… Eh quoi ! il s’étonne qu’il y ait un mort dans ce cercueil !… Mais pourquoi ce meuble funèbre, continué-je. Quelle apparence qu’il fut là, s’il ne contenait un mort ! et mes réflexions font place à la plus grande surprise, quand je vois celui qui avait parlé ouvrir la bière, et en retirer dans ses bras le corps d’une femme ; comme elle était habillée, je reconnus bientôt qu’elle n’était qu’en syncope, et qu’elle avait sûrement été mise en vie dans ce cercueil. — Ah ! je le savais bien, continua le personnage, je le savais bien qu’elle ne résisterait pas là-dedans à la tempête ; quel besoin de la laisser dans cette position, dès que nous étions sûrs de n’être pas suivis… Ô juste ciel !… et pendant ce tems-là, il déposait cette femme sur un lit ; il lui tâtait le poulx, et s’apercevant sans doute qu’il avait encore du mouvement, il sauta de joie. — Jour heureux ! s’écria-t-il, elle n’est qu’évanouie !…… Fille charmante, je ne serai point privé des