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parler ; ces détours, trop absurdes, trop usés pour nous tromper encore, ne sont bons qu’à vous faire mépriser ; ils ne servent qu’à faire médire de la nation, qu’à dégrader son gouvernement. Ô France ! tu t’éclaireras un jour, je l’espère : l’énergie de tes citoyens brisera bientôt le sceptre du despotisme et de la tyrannie, et foulant à tes pieds les scélérats qui servent l’un et l’autre, tu sentiras qu’un peuple libre par la nature et le génie, ne doit être gouverné que par lui-même[1].

Dès le même soir, le comte de Fierval me fit dire qu’il avait à me parler, j’y courus. — Vous pouvez, me dit-il, être parfaitement sûr que Léonore n’est point au serrail ; elle n’est même point à Constantinople. Les horreurs qu’on a mis à Venise sur le compte de cette Cour n’existent plus : depuis des siècles on ne fait point ici le métier de

  1. Il ne faut pas s’étonner si de tels principes, manifestés dès long-tems par notre auteur, le faisaient gémir à la Bastille, où la révolution le trouva. (Note de l’éditeur.)