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français, et six jours de marche excessive me rendirent enfin au-delà des monts : j’arrivai à Pau dans un état qui vous eût attendri ; j’y trouvai au moins de la tranquillité, et il me restait assez d’argent pour m’y mettre à mon aise. Mais le calme décida la maladie que tant d’agitations faisaient germer dans mon sang ; à peine fus-je dans une maison bourgeoise, que j’avais louée pour quelque tems à dessein de m’y refaire, qu’une fièvre ardente se déclara, et me mit en huit jours aux portes du tombeau. J’étais pour mon bonheur chez d’honnêtes gens ; ils eurent pour moi des soins que je n’oublierai jamais ; mais ma convalescence ayant duré quatre mois, je ne pensai plus à me rendre dans ma patrie. Vers la fin de l’Été, j’achetai une voiture, je pris des domestiques, et je fus en poste à Bayonne ; ne me trouvant pas encore assez bien pour soutenir cette fatigante manière de voyager, j’y renonçai, et vins à petites journées à Bordeaux, où je résolus de me rafraîchir une quinzaine de