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à présent, dit Aline avec gentillesse en s’adressant au comte… il me semble que ce n’est que vous seul. — Soit, reprit Mr. de Beaulé ; mais si vous interrompez encore une fois, ou l’une ou l’autre, j’emmène Sainville et Léonore à Paris, et vous prive de savoir le reste de leur histoire. — Allons, allons, dit Madame de Senneval, il faut écouter et se taire : notre général le ferait comme il le dit ; continuez, Mr. de Sainville, continuez, je vous en supplie, car j’ai bien envie de savoir comment vous vous réunirez à ce cher objet de tous vos soins.

Hélas ! Madame, reprit Sainville, il me reste peu de choses intéressantes à vous dire entre cette dernière circonstance de mon histoire et notre heureuse réunion ; et l’impatience que je lis en vous d’écouter à présent plutôt Léonore que moi, va me faire abréger les détails.

Je marchai avec la plus grande vîtesse ; j’évitais les villes et les bourgs ; je couchais en rase campagne : si je rencontrais quelqu’un, je me faisais passer pour déserteur