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Notre voyage fut heureux, et nous revîmes le Cap en assez peu de temps.

Je demandai à mes officiers, dès que nous l’aperçumes, s’ils voulaient y prendre terre, ou s’ils aimaient autant me conduire tout de suite en France. Quoique le vaisseau fût à moi, je crus leur devoir cette politesse. Désirant tous de revoir leur patrie, ils préférèrent de me débarquer sur la côte de Bretagne, pour repasser de-là en Hollande, moyennant qu’une fois à Nantes, je leur laisserais le bâtiment pour retourner chez eux, où ils le vendraient à mon compte. Nous convinmes de tout de part et d’autre, et nous continuâmes de voguer ; mais ma santé ne me permit pas de remplir la totalité du projet. À la hauteur du Cap-Vert, je me sentis dévoré d’une fièvre ardente, accompagnée de grands maux de cœur et d’estomac, qui me réduisirent bientôt à ne pouvoir plus sortir de mon lit. Cet accident me contraignit de relâcher à Cadix, où totalement dégoûté de la mer, je pris la résolution de regagner la France par terre, si-