Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/473

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nions de faire, le vent servait mes intentions, et nous perdîmes bientôt Tamoé de vue.

Ma délicatesse souffrait de l’obligation d’emporter, comme malgré moi, de si puissans effets de la libéralité d’un ami. Quand je réfléchis pourtant que ce métal, si précieux pour nous, était nul aux yeux de ce peuple sage, je crus pouvoir apaiser mes regrets et ne plus m’occuper que des sentimens de reconnaissance que m’inspirait un bienfaiteur dont le souvenir ne s’éloignera jamais de ma pensée.

    il est le plus heureux, le plus riche et le plus libre de la terre, puisqu’il est toujours sûr d’une subsistance égale, ce qui n’existe dans aucune nation. Il est donc plus heureux qu’aucune de celles qu’on puisse lui comparer. Il faudrait plutôt dire que c’est l’État qui se rend volontairement esclave, afin d’assurer la plus grande liberté à ses membres ; et c’est dans ce cas le plus beau modèle de gouvernement qu’il soit possible de méditer.