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adieux… Oh Ciel ! qu’aperçois-je ? dis-je en voyant la table couverte de lingots d’or… Zamé, que voulez-vous faire ?… Votre ami n’a besoin que de votre tendresse ; il n’aspire qu’à s’en rendre digne. — Peux-tu m’empêcher de t’offrir de la terre de Tamoé, me répondit ce mortel tant fait pour être chéri ? C’est pour que tu te souviennes de ses productions. — Ô grand homme !… et j’arrosais ses genoux de mes larmes,… et je me précipitais à ses pieds, en le conjurant de reprendre son or, et de ne me laisser que son cœur. — Tu garderas l’un et l’autre, reprit Zamé en jettant ses bras autour de mon cou ; tu l’aurais fait à ma place… Il faut que je te quitte… Mon ame se brise comme la tienne. Mon ami, il n’est pas vraisemblable que nous nous voyions jamais, mais il est sûr que nous nous aimerons toujours. Adieu… En prononçant ces dernières paroles, Zamé s’élance, il disparaît, donne lui-même le signal du départ, et me laisse, inondé de mes larmes, absorbé de tous les sentimens