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Je me soumis… Je me jettai aux pieds de cet homme divin, et lui jurai de suivre ses conseils. Viens, me dit-il en me serrant entre ses bras et me relevant avec tendresse ; viens, mon fils ; avant de nous quitter, je veux te procurer un dernier amusement ; suis-moi.

C’était le spectacle d’un combat naval que Zamé voulait me donner. La belle Zilia, magnifiquement vêtue, était assise dans une espèce de trône placé sur la crête d’un rocher au milieu de la mer ; elle était entourée de plusieurs femmes qui lui formaient un cortège ; cent pirogues, chacune équippée de quatre rameurs, la défendaient, et cent autres de même force étaient disposées vis-à-vis pour l’enlever : Oraï commandait l’attaque, et son frère la défense. Toutes les barques fendent les flots au même signal, elles se mêlent, elles s’attaquent, elles se repoussent avec autant de graces que de courage et de légèreté ; plusieurs rameurs sont culbutés, quelques pirogues sont renversées : les défenseurs