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leur faisait sentir ce qu’ils devaient à cette chère moitié de leur existence ; on leur prouvait qu’ils ne pouvaient espérer de bonheur dans cette douce et charmante société, qu’autant qu’ils s’efforceraient d’en répandre sur celle qui la composait ; qu’on n’avait point au monde d’amie plus sincère, de compagne plus tendre,… d’être, en un mot, plus lié à nous qu’une épouse ; qu’il n’en était donc aucun qui méritât d’être traité avec plus de complaisance et plus de douceur ; que ce sexe, naturellement timide et craintif, s’attache à l’époux qui l’aime et le protège, autant qu’il hait invinciblement celui qui abuse de son autorité pour le rendre malheureux, uniquement parce qu’il est le plus fort ; que si nous avons en main cette autorité qui captive, bien mieux partagé que nous, il a les graces et les attraits qui séduisent. Eh ! qu’espéreriez-vous, leur dit-on, d’un cœur ulcéré par le dépit ?… Quelles mains essuyeraient vos larmes quand les chagrins vous oppresseraient ? De qui recevriez-vous des secours quand la nature