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sensibilité de mon ame : non, tu ne voudrais pas que celui qui n’a cherché qu’à te mieux adorer fût puni pour ne t’avoir pas adoré comme il faut. »

Viens, me dit Zamé, il est de bonne heure, ces braves enfans vont peut-être se recueillir un moment entr’eux. C’est leur usage dans ces jours de cérémonie, jours qu’ils désirent tous avec empressement, et que par cette grande raison je ne leur accorde que deux ou trois fois l’an. Je veux qu’ils les voient comme des jours de faveurs : plus je leur rends ces instans rares, plus ils les respectent ; on méprise bientôt ce qu’on fait tous les jours. Suis-moi ; nous aurons le tems avant l’heure du repas, d’aller visiter les terres des environs de la ville.

Voilà leurs possessions, me dit Zamé, en me montrant de petits enclos séparés par des hayes toujours vertes et couvertes de fleurs : chacun a sa petite terre à part ; c’est médiocre, mais c’est par cette médiocrité même que j’entretiens leur industrie ; moins on en a, plus on est intéressé à le cultiver avec