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moins unique et moins grand ; si sa puissance se divisait, si elle se multipliait, si cet être simple, en un mot, devait s’honorer sous plusieurs, je ne verrais plus dans ce systême effrayant et barbare qu’un assemblage informe d’erreurs et d’impiétés, dont l’horrible pensée dégradant l’Être pur où s’adresse mon ame, le rendrait haïssable à mes yeux, au lieu de me le faire adorer. Quelle plus intime connaissance de ce bel Être peuvent donc avoir ces hommes qui me parlent, et qui tous se donnent à moi pour des illuminés ?… Hélas ! ils n’eurent de plus que l’envie d’abuser leurs semblables ; est-ce un motif pour que je les écoute, moi, qui déteste la feinte et la fraude ; moi, qui n’ai travaillé toute ma vie qu’à guider ce bon peuple dans le chemin de la vertu et de la vérité ?… « Souverain des Cieux, si je me trompe, tu jugeras mon cœur, et non pas mon esprit ; tu sais que je suis faible, et par conséquent sujet à l’erreur ; mais tu ne puniras point cette erreur, dès que sa source est dans la pureté, dans la