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seule que je me sois permise, cet hommage est le seul qui plaise à l’Éternel ; les cérémonies de la religion ne furent inventées que pour fixer les yeux au défaut du cœur ; celles que je leur substitue fixent le cœur en charmant les yeux, cela n’est-il pas préférable ? J’ai, d’ailleurs, voulu conserver quelque chose de l’ancien culte, cette politique était nécessaire : les habitants de Tamoé adoraient le Soleil autrefois, je n’ai fait que rectifier leur systême, en leur prouvant qu’ils se trompaient de l’ouvrage à l’ouvrier, que le Soleil était la chose mue, et que c’était au moteur que devait s’adresser le culte. Ils m’ont compris, ils m’ont goûté, et sans presque rien changer à leur usage, de payens qu’ils étaient, j’en ai fait un peuple pieux et adorateur de l’Être Suprême. Crois-tu que tes dogmes absurdes, tes inintelligibles mystères, tes cérémonies idolâtres, pussent les rendre, ou plus heureux, ou meilleurs citoyens ? T’imagines-tu que l’encens brûlé sur des autels de marbre vaille l’offrande de ces cœurs droits ? À