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naturel du vice celui plus vif encore de briser un frein. Rien ne flatte et n’honore ces jeunes gens comme d’être admis chez moi ; j’ai saisi cette faiblesse, j’en ai profité : tout est à prendre dans le cœur de l’homme, quand on veut se mêler de le conduire ; ce qui fait que si peu de gens y réussissent, c’est que la moitié de ceux qui l’entreprennent sont des sots, et que le reste, avec un peu plus de bon sens, peut-être, ne peut atteindre à cette connaissance essentielle du cœur humain, sans laquelle on ne fait que des absurdités ou des choses de règle ; car la règle est le grand cheval de bataille des imbéciles ; ils s’imaginent stupidement qu’une même chose doit convenir à tout le monde, quoiqu’il n’y ait pas deux caractères de semblables, ne voulant pas prendre la peine d’examiner, de ne prescrire à chacun que ce qui lui convient ; et ils ne réfléchissent pas qu’ils traiteraient eux-mêmes d’inepte un médecin qui n’ordonnerait comme eux que le même remède pour toutes sortes de maux ; qu’un moyen soit