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de ton espèce, toi qui n’es né que pour lui servir de bourreau, homme effroyable, enfin, qui prétends que des chaînes ou des gibets sont des argumens sans réplique ; toi qui ressemble à cet insensé, brûlant sa maison en décadence au lieu de la réparer, quand cesseras-tu de croire qu’il n’y a rien de si beaux que tes loix, rien de si sublime que leurs effets ! Renonce à ces préjugés fâcheux qui n’ont encore servi qu’à te souiller inutilement des larmes et du sang de tes concitoyens ; ose livrer la nature à elle-même ; t’es-tu jamais repenti de lui avoir accordé ta confiance ? Ce peuplier majestueux qui élève sa tête orgueilleuse dans les nues, est-il moins beau, moins fier, que ces chétifs arbustes que ta main courbe sous les règles de l’art ; et ces enfans que tu nommes sauvages, abandonnés comme les autres animaux, qui se traînent comme eux vers le sein de leur mère, quand se fait sentir le besoin, sont-ils moins frais, moins vigoureux, moins sains que ces frêles nourrissons de ta Patrie, auxquels il semble que