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soit bon à quelque chose. La sévérité n’est que l’abus de la loi ; c’est mépriser l’espèce humaine que de ne pas regarder l’honneur comme le seul frein qui doive la conduire, et la honte comme le seul châtiment qu’elle doive craindre. Vos malheureuses loix informes et barbares ne servent qu’à punir, et non à corriger ; elles détruisent et ne créent rien ; elles révoltent et ne ramènent point : or, n’espérez jamais avoir fait le moindre progrès dans la science de connaître et de conduire l’homme, qu’après la découverte des moyens qui le corrigeront sans le détruire, et qui le rendront meilleur sans le dégrader.

Le plus sûr est d’agir comme vous voyez que je l’ai fait ; opposez-vous à ce que le crime puisse naître, et vous n’aurez plus besoin de loix… Cessez de punir, autrement que par le ridicule, une foule d’écarts qui n’offensent en rien la société, et vos loix seront superflues.

Les loix, dit encore quelque part votre Montesquieu, sont un mauvais moyen pour