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de l’endurcissement et de l’impénitence finale, dont leurs malheureux compagnons leur offrent le tableau… Tuez-les encore moins, parce que le sang ne répare rien, parce qu’au lieu d’un crime commis en voilà tout d’un coup deux, et qu’il est impossible que ce qui offense la nature puisse jamais lui servir de réparation.

Si vous faites tant que d’appesantir sur le citoyen quelque chaîne avec le projet de le laisser dans la société, évitez bien que cette chaîne puisse le flétrir : en dégradant l’homme, vous irritez son cœur, vous aigrissez son esprit, vous avilissez son caractère ; le mépris est d’un poids si cruel à l’homme, qu’il lui est arrivé mille fois de devenir violateur de la loi pour se venger d’en avoir été la victime ; et tel n’est souvent conduit à l’échafaud que par le désespoir d’une première injustice[1].

  1. Ô vous qui punissez, (dit un homme d’esprit), prenez garde de ne pas réduire