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un son agréable, ou discord contournés dans des proportions différentes, il n’y a rien de nous, rien à nous, tout est à la nature, et nous ne sommes jamais dans ses mains que l’aveugle instrument de ses caprices.

Dans cette différence si légère, eu égard au fond, si peu dépendante de nous, et qui pourtant, d’après l’opinion reçue, fait éprouver à l’homme de si grands biens ou de si grands maux, ne serait-il pas plus sage d’en revenir à l’opinion des philosophes de la secte d’Aristippe, qui soutenait que celui qui a commis une faute, telle grave qu’elle puisse être, est digne de pardon, parce que quiconque fait mal, ne l’a pas fait volontairement, mais y est forcé par la violence de ses passions ; et que dans tel cas on ne doit ni haïr ni punir ; qu’il faut se borner à instruire et à corriger doucement. Un de vos philosophes a dit : Cela ne suffit pas, il faut des loix, elles sont nécessaires, si elles ne sont pas justes ; et il n’a avancé qu’un sophisme ; ce qui n’est pas juste n’est