Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous les peuples de la terre, et se rachète encore dans les trois quarts de l’univers, pour une somme proportionnée à la qualité du mort[1]; les Nations sages n’imaginaient pas devoir imposer d’autre peine que celle qui peut être utile ; elles rejettaient ce qui double le mal sans l’arrêter, et sur-tout sans le réparer.

Ayant soigneusement anéanti tout ce qui peut conduire au meurtre, poursuivit Zamé, j’ai bien peu d’exemples de ce forfait monstrueux dans mon isle ; la punition où je le soumets est simple ; elle remplit l’objet en séquestrant le coupable de la société, et n’a rien de contraire à la nature ; le signalement du criminel est envoyé dans toutes les

  1. Les loix des Francs et des Germains taxent le meurtre à raison de la victime : on tuait un serf pour 30 liv. tournois, un évêque pour 400 ; l’individu qui coûtait le moins était une fille publique, tant à cause de l’abjection, que de l’inutilité de son état.